Axe 05 / Comment habiter demain ?
Habiter le futur ? Habiter au présent !
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« Les riches et les nobles n’habitent presque jamais les faubourgs de Vienne » Staël, Allemagne, 1810, p.128
La polysémie du verbe habiter rend la notion complexe. Habiter signifie à la fois occuper un habitat (« j’habite dans cette maison »), qu’il soit demeure ou milieu ; se trouver ou résider habituellement en un lieu1; ou bien encore s’incarner au travers d’une fonction ou d’un personnage. L’habitat est à l’intersection du lieu, du vécu, de la situation et de l’incarnation.
L’habiter est indissociable de l’habitant, dont le statut et la fonction apparaissent de plus en plus opaques et remis en question : est-il citoyen, usager ou bien client ? Habitant plus que résident, ou simple occupant ?
De la sacralisation de l’habitation individuelle à l’habitat collectif, des coopératives d’habitat aux « gated communities », il s’agit aussi de l’opposition entre des modes d’habiter tournés vers l’extérieur et ouverts à l’altérité, et des modes d’habiter « fermés », en vase clos. La question de la place des communs et de l’hospitalité se pose ici, mais du point de vue de l’habitat et du logement cette fois. Alors que l’on s’interroge de plus en plus souvent pour savoir « dans quel monde nous vivrons demain », il semble qu’il y ait d’abord urgence à se demander comment nous souhaitons vivre aujourd’hui afin de mieux habiter le présent ! Cet axe a pour ambition d’interroger la transformation de l’habitat par les modes d’habiter. Cette question recouvre des enjeux à la fois économiques (par les mutations profondes des modes de vie, du monde du travail, de la considération de la propriété), écologiques (emprise foncière, matériaux utilisés, modes de transports, consommation énergétique…) et sociaux (comment vivre ensemble et coexister ?).
À l’heure où se développent les théories de la « ville du quart d’heure » et du « chrono urbanisme », que veut encore dire habiter ? Résider ? Loger ? Ou bien vivre quelque part, dans toute la richesse de cette acception ?
Le développement des occupations intercalaires, des opérations d’urbanisme transitoire et des formes d’habitats temporaires contribuent à redéfinir nos modes d’habiter. Et si l’on concevait le fait d’habiter comme l’occupation d’un espace-temps, déconnecté de toute considération de propriété foncière ?
Et au-delà de la distinction entre l’humain et l’infrastructure, quelle place souhaitons-nous accorder au vivant ? Quelle écologie (au sens premier d’Oikos, la maison, et Logos, la science de) voulons-nous pour demain ?